15. "Je crois à la résurrection des morts"
« Sachant que le Christ, une fois ressuscité des morts, ne meurt plus, que la mort n’exerce plus de pouvoir sur lui » (Rm 6, 9).
A la différence de celle de Lazare (Jn 11, 1-43), de la fille de Jaïre (Lc 8, 40-56), du fils de la veuve de Naïm (Lc 7, 11-17) ou de n’importe quelle autre racontée soit par l’Ancien soit par le Nouveau Testament, la résurrection de Jésus met définitivement le ressuscité à l’abri de la mort, tandis que les ressuscités que je viens de nommer ont connu à nouveau la mort (par exemple, Jean nous raconte que les Juifs avaient décidé de mettre Lazare à mort pour faire disparaître le témoin d’un signe particulièrement éclatant de Jésus – Jn 12, 9-11). Et nous qui sommes promis à partager, comme la Vierge Marie, la résurrection de Jésus (Rm 6, 4), nous connaîtrons nous aussi une vie que rien ne pourra interrompre (1 Co 15, 52-53).
Ce point essentiel de la foi chrétienne (Catéchisme de l’Eglise Catholique, n° 991) représente pour nous non seulement une espérance, mais aussi une indication sur la façon dont nous avons à vivre ici-bas. En effet, c’est bien parce que la résurrection des morts nous introduit dans une vie définitive qu’un théologien contemporain peut déclarer : « La résurrection communiquée par la mémoire de la souffrance signifie : il y a une dette à l’égard des morts, des vaincus d’autrefois, des oubliés . » La résurrection de tous les morts (Jn 5, 29) à la fin des temps fonde le fait que tous ceux qui auront souffert ici-bas pourront réclamer que justice leur soit rendue. Et lorsque, le jour de la résurrection finale, nous retrouverons tous ceux que nous aurons croisés ici-bas, ceux avec qui nous nous serons entendus comme ceux avec qui nous aurons eu des problèmes, il faudra bien qu’il soit rendu justice à chacun pour les préjudices, souffrances et maltraitances qu’il aura pu subir. D’où l’intérêt du conseil évangélique « hâte-toi de t’accorder avec ton adversaire, tant que tu es encore avec lui sur le chemin, de peur que l’adversaire ne te livre au juge, et le juge au garde, et qu’on ne te jette en prison. En vérité, je te le dis : tu ne sortiras pas de là, que tu n’aies rendu jusqu’au dernier sou » (Mt 5, 25-26).
La foi en la résurrection des morts à la fin des temps a donc une signification politique et sociale. En effet, dès qu’un rapport social devient oppressif (et ce n’est pas seulement le fait de gouvernements de type totalitaires), il compte systématiquement sur la mort des opposants ou de ceux qui revendiquent, pour que se taise la voix contestataire. Les criminels comptent souvent sur le fait qu’une des façons les plus efficaces de faire taire un témoin de leur crime est tout simplement de le supprimer. Et la peur elle-même d’être supprimé peut aussi conduire le faible à mettre son mouchoir sur ses revendications. Au contraire, la foi chrétienne en la résurrection des morts contraint le croyant à refuser l’idée que la souffrance des morts et des victimes d’autrefois ne soit qu’un détail de l’histoire. La foi en la résurrection des morts met le souffrant au centre des préoccupations de notre Dieu, et nous contraint à placer la justice au centre de nos préoccupations, tout simplement parce que nous sommes invités à être parfaits comme notre Père du ciel est parfait (Mt 5, 48). Oui, la foi en la résurrection de tous les morts est le fondement de la revendication d’une justice pour tous, et c’est ce qui fait que l’espérance chrétienne doit être une espérance pour tous …
Père Benoît-Marie.
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[1] Johann Baptist Metz, La foi dans l'histoire et dans la société. Essai de théologie fondamentale pratique, trad. P. Corset et J.-L. Schlegel, Paris, Cerf, coll. Cogitatio Fidei 99, 1999, nlle éd., p. 134.
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[1] Johann Baptist Metz, La foi dans l'histoire et dans la société. Essai de théologie fondamentale pratique, trad. P. Corset et J.-L. Schlegel, Paris, Cerf, coll. Cogitatio Fidei 99, 1999, nlle éd., p. 134.