Commentaire du Notre Père - 8
Pardonne-nous… comme nous pardonnons
Certains auteurs spirituels ont suggéré qu’à la place du « comme nous pardonnons », il faudrait traduire « et nous pardonnons » : notre pardon aux autres serait comme une conséquence du pardon divin. La remarque apparait juste car il est évident que le pardon divin à notre égard précède celui que nous devons donner aux autres… L’Eglise a voulu garder ce qui semble la teneur de l’ensemble des manuscrits. Le Seigneur a voulu en effet nous impliquer dans le mouvement qu’Il manifeste envers nous. Il connait en effet notre dureté de cœur vis- à-vis du semblable en esquivant tout essai de réconciliation.
Face au Mystère de la Miséricorde, une première tendance serait d’en abuser. Puisque Dieu est bon, Il nous pardonnera toujours, alors profitons aujourd’hui de notre égoïsme, à la fin tout se rétablira dans son pardon. Or l’Ecriture nous invite à une sainte crainte de Dieu qui doit nous faire considérer la vérité de sa justice.
Une autre tendance plus rigoriste ou janséniste, pourrait éloigner de la confiance en ce Dieu qui est bon dans la mesure même et même au-delà de notre repentir. La Miséricorde de Dieu est infinie, et l’exemple le plus manifeste se trouve dans la Passion du Christ en cette sublime parole : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ».
Demandons au Seigneur le pardon de ce qui l’offense. Une démarche humble et vraie du sacrement de pénitence achemine vers une libération intérieure du péché qui donne la Paix.
Votre démarche envers Jésus Miséricordieux ne peut exclure de notre cœur au préalable quelqu’un que nous maudirions… par le fait même du refus de miséricorde à son égard.
Le pardon accordé aux autres ne peut relever du sentiment. Ne pas pardonner dans un premier temps peut sembler normal. Au-delà du ressenti, nous devons souhaiter qu’il soit un jour au Paradis ! Si nous ne pouvons pardonner dans l’aujourd’hui, ne pouvons-nous pas pardonner en espérance, ne pouvons-nous pas demander au Christ sa grâce pour cela, ou encore qu’Il pardonne à travers nous ?
Une personne s’était adressée au célèbre théologien le Cardinal Journet. Cette personne déclarait qu’il lui semblait normal de ne plus prier le « Notre Père », car elle ne pouvait pas pardonner à son prochain. Le saint Cardinal lui a souligné l’importance de garder et vivre cette prière essentielle, car si on ne peut la dire pleinement maintenant en son nom personnel on peut toujours la prier en espérance et au nom de l’Eglise pour arriver peu à peu à imiter le Christ.
Le sacrement de réconciliation et du pardon nous ouvre à la miséricorde infinie du Seigneur. Alors le véritable repentir, le sang du Christ obtient du Père toutes les réconciliations avec Dieu et nos frères. En ce temps de préparation à Pâques nous ne pouvons l’oublier…
« Père pardonne-nous nos offenses, au-delà même de la mesure de notre propre pardon ».